LE 18 JANVIER 2012

Chères et chers amis et membres du PEN,

Dans quelques jours, une importante délégation – nous serons dix en tout – se rendra à Mexico. Il s’agira d’une forte affirmation de solidarité avec les écrivains et journalistes mexicains. Et ce sera aussi un geste singulier en ce que tout l’exécutif du PEN International s’y trouvera – Hori Takeaki, Eric Lax et moi-même – ainsi que la présidente du Comité de défense des écrivains persécutés (CODEP) – Marian Botsford Fraser – et des représentants des quatre Centres nord-américains et des centres anglais et japonais. Nous ferons acte de présence auprès de nos collègues mexicains en compagnie aussi de Russell Banks, Adrienne Clarkson, Émile Martel, Larry Siems, Gillian Slovo et Adam Somers, ainsi que de Renu Mandhane, directrice du Programme des droits internationaux de la personne de la Faculté de droit de l’Université de Toronto.

Nous agirons en coopération avec les trois centres mexicains, ceux de Mexico, de Guadalajara et de San Miguel de Allende. Le point d’orgue de cette mission sera un événement public organisé par Jennifer Clement, la présidente de PEN-Mexique, et ses collègues. Toute la délégation y participera, mais aussi une cinquantaine d’écrivains mexicains, le dimanche 29 janvier.

Une lettre de solidarité a été rédigée et adressée aux écrivains du Mexique. J’espère que vous la signerez tous. Elle vous est adressée dans un courrier distinct.

Il ne s’agit pas d’une délégation d’experts. C’est une délégation d’écrivains qui élèvent publiquement leur voix. Ce que nous ferons et ce que nous dirons vous sera vite communiqué afin que vous répercutiez la chose dans votre propre pays.

Tout cela fait partie d’une intense campagne mexicaine. Récemment, à l’occasion du Jour des Morts, à l’initiative de Jens Lohman du PEN danois et de Tony Cohan, du PEN de San Miguel, on a manifesté l’inquiétude des membres du PEN au sujet des menaces auxquelles font face les journalistes mexicains. Nous espérons que cette nouvelle initiative au Mexique fera progresser notre campagne.
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Bon nombre d’entre vous envoyez déjà du matériel pour le nouveau site Web. C’est bien là ce dont nous avons besoin: que les Centres partout au monde racontent aux membres du PEN ce qu’ils font et les risques auxquels ils font face. Merci d’apporter votre appui à cet outil important.
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En conclusion, ces dernières semaines ont été à la fois émouvantes et historiquement importantes pour les écrivains tchèques et pour la foi que nous partageons tous en la liberté d’expression. D’abord, notre ancien président, Jiří Gruša, l’un des écrivains leaders de la dissidence pendant l’après-guerre, est mort. Puis Václav Havel dont on a beaucoup parlé à travers le monde. Et puis Ivan Jirous, dont Paul Wilson disait qu’il était ‘le leader de l’opposition culturelle’. Jirous était poète, essayiste et meneur du groupe rock psychédélique Plastic People of the Universe. C’est la lutte pour le faire libérer de prison qui a en bonne partie inspiré la Charte des 77. Et finalement Josef Škvorecký est mort, un autre grand écrivain et leader dissident. En exil à Toronto, il a créé les éditions 68 Publishers en 1971; pendant deux décennies il a publié des écrivains tchèques et slovaques bannis dans leur pays. Ces livres retournaient ensuite clandestinement en Tchécoslovaquie. Il y a bien sûr bien d’autres écrivains qui sont disparus, mais quand quatre auteurs courageux et inspirés meurent presque simultanément, il me semble qu’il faut marquer l’importance du moment pour tous les membres du PEN.

Bien chaleureusement

John Ralston Saul

Janvier Lettre Mensuelle De John Ralston Saul aux membres de PEN