LE 15 JUILLET 2011

Chères amies, chers amis,

Il y a quelques semaines, tous les centres du PEN ont reçu un message de la part du Comité de la traduction et des droits linguistiques, rendant compte du Manifeste de Gérone. Je donne suite à cet envoi pour souligner à quel point je considère cette initiative importante.

Il y a exactement quinze ans ce même comité a mené une coalition d’organismes civils et d’organisations internationales dans l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits Linguistiques. Ce document touffu et complexe a été approuvé lors d’une Assemblée annuelle des délégués du PEN et en est venu à jouer un rôle important auprès des spécialistes partout à travers le monde. Mais il manquait une version courte et claire du document, un Manifeste qui présente les éléments essentiels de la Déclaration et qui puisse être utilisé par tout un chacun.

Le Manifeste de Gérone, c’est justement cela. En une page, réunissant dix points en une langue à la fois littéraire et accessible, ce Manifeste devient pour nous tous un outil pratique.

La prochaine Assemblée des délégués, à Belgrade, sera, bien sûr appelée à approuver ce document. Mais je croyais utile d’explorer un contexte dans lequel on puisse le lire.

Nous sommes tous préoccupés des pressions exercées sur les langues qui ont une faible population de locuteurs natifs. Nous sommes tous conscients du petit nombre de traductions qui existent de ces langues et par la difficulté à laquelle elles font face pour être entendues et lues dans le monde. Bien des langues sont en danger. Il y en a plusieurs qui disparaissent. La perte d’une langue et, par le fait même, d’une grande partie de la culture de certains groupes, peut être perçue comme la privation ultime de la liberté d’expression.

Le Comité de la traduction et des droits linguistiques a procédé à la rédaction de ce Manifeste dans nos trois langues officielles après sa réunion de 2010.

C’est à sa réunion de 2011, à laquelle le secrétaire international Hori Takeaki et moi-même étions présents, que tous les participants ont passé une bonne partie de leur temps à commenter ce court texte dans trois langues. Et le Manifeste de Gérone a ainsi été adopté à l’unanimité.

Ce Manifeste pourrait nous fournir un document public clair avec lequel défendre et faire progresser les langues aux locuteurs natifs peu nombreux, tout autant que les langues en péril.

Je vous encourage tous à lire ce document, à le traduire dans vos propres langues avant la réunion de Belgrade et à réfléchir au meilleur usage que nous pourrions en faire pour promouvoir la multiplicité des langues et des cultures que le PEN International représente.

Acceptez mes amicales salutations,

John Ralston Saul

July Monthly Letter From John Ralston Saul To The PEN Membership