LE 12 OCTOBRE 2011

Chères amies, chers amis, chers membres du PEN,

Ceux et celles parmi vous qui étiez à Belgrade ont disposé d’un peu de temps pour rendre compte de l’événement à vos membres. Et chacune et chacun d’entre vous a reçu un sommaire préliminaire de la part de notre directrice exécutive, Laura McVeigh – une initiative fort louable. La version finale des résolutions ont aussi été distribuées, cela aussi accorde une importance à la nécessité d’acheminer rapidement les documents qui demandent une action. Il faut en remercier le Comité de défense des écrivains persécutés, CODEPWIPC.

Le Congrès a été couronné de succès grâce au formidable travail accompli par le PEN de Serbie. Pour ceux et celles parmi vous absents de Belgrade, voici quelques grandes lignes de ce qui s’est passé:

• près de 90 centres ont envoyé des délégués, maintenant par là le haut niveau de participation connu à Tokyo. Arriverons-nous à une représentation de 100 centres à Séoul? Une façon d’y arriver serait de réaliser de plus nombreux jumelages de centres.

• la représentation régionale a été importante, sauf pour l’Amérique latine. Il faudra s’appiquer à résoudre ce problème.

• L’intention était que le Congrès de Belgrade s’applique principalement à la réconciliation des Balkans, et c’est bien le sentiment qui a prévalu. Lors d »une réunion très émouvante, un réseau des Balkans formé de 13 centres PEN a été créé. Ce message de réconciliation est bien sûr très important pour les Balkans, mais aussi pour d’autres régions du monde qui connaissent des divisions.

• L’Assemblée des délégués a clairement demandé une réforme des structures du PEN. Je suis enthousiaste à ce sujet et je tiens à ajouter que nous avons besoin de sérieux changements quant à l’organisation de l’Assemblée elle-même.

Immédiatement après l’Assemblée, une réunion de réflexion du Board et des présidents des Comités a eu lieu. Nous avons établi un petit comité présidé par Eric Lax afin de lancer une consultation auprès de vous tous au sujet des réformes structurelles et d’en faire des recommandations. L’exécutif et Laura vont étudier la question de la structure des assemblées. Toutes les suggestions seront les bienvenues.

• Le Manifeste de Gérone est dorénavant partie intégrante de la politique du PEN International. Je le considère comme notre propre Charte des Droits linguistiques. En collaboration avec le Comité de la Traduction et des Droits linguistiques nous devons développer des politiques qui donnent une véritable assise au Manifeste.

• Le Comité sur la Paix a présenté ce qui est à toute fin pratique sa charte, son mode d’opération. Cela aussi a été approuvé par l’Assemblée.

• Une attention toute particulière a été donnée à la terrible situation qui prévaut au Mexique. Le Jour des Morts – le 2 novembre – il y aura un geste global de la part de PEN. Si vous n’êtes pas encore au courant, ça ne devrait pas tarder.

• Le Board a décidé que les RAN (les notices urgentes du ‘rapid action network’) qui jusqu’ici étaient distribuées exclusivement aux Centres qui ont un CODEPWIPCA iraient dorénavant à tous les Centres. Nous partageons tous une préoccupation quant au sort des écrivains.

• Des suggestions fort intéressantes ont été faites lors d’une discussion initiale de l’Assemblée sur le futur du PEN, visant à développer d’une manière urgente une stratégie du PEN International sur l’effet des nouvelles technologies sur la liberté d’expression. Nous n’avons pas eu le temps de soulever cette question lors de la réunion de réflexion du Board, mais l’exécutif a mis en place un comité de trois personnes, présidé par Hori Takeaki et qui inclut Marian Botsford Fraser. Nous souhaitons le plus rapidement possible ajouter un troisième membre à ce comité. Merci de vos suggestions. Le comité va rassembler l’information et faire des recommandations au Board. Nous espérons bien présenter une stratégie claire lors du prochain Congrès.

• Quant à la présence de nouveaux visages au Congrès, le PEN du Brésil, heureux de mettre l’épaule à la roue, a été présent pour la première fois depuis des années. Le Centre a offert son assistance en Amérique latine. Le PEN Haïti était aussi présent et enthousiaste quant à son propre développement.

Le Centre PEN Chinois (Beijing) était présent pour la première fois depuis le Congrès de Berlin. Cela a permis de percevoir des différences d’opinion claires quant à la situation en Chine. Les vues du Centre n’étaient pas partagées par les autres délégués. Dans une initiative sans précédent, l’Assemblée, lors de son ouverture, sur proposition du PEN Serbie, secondée par PEN Japon, a félicité Margo Vargas Llosa et Liu Xiaobo de leur prix Nobel respectif et a demandé la libération de Liu Xiaobo et de sa femme Liu Xia. Cette proposition a été approuvée à l’unanimité. Plus tard, une résolution détaillée du CODEP/WIPC sur les écrivains emprisonnée en Chine a été approuvée sans objection.

Cette discussion sur la situation en Chine n’a bien sûr pas été facile pour les délégués. Mais le fait est que le Centre PEN Chine (Beijing) était présent; ses délégués ont pu s’exprimer; les délégués du Centre PEN chine indépendant et de plusieurs autres Centres ont pu leur donner la réplique; la position du PEN International a été confirmée à nouveau par l’Assemblée; de nombreux délégués en ont profité pour discuter longuement avec le Centre qui était de retour.

Tout cela a bien démontré les valeurs de notre Charte. Nous favorisons une liberté d’expression sans frontière. Nous appuyons aussi le dialogue et le rapprochement entre les gens. Et notre position claire ainsi que nos convictions quant à la nécessité du dialogue militent toutes en faveur de la libération des écrivains en Chine.

Immédiatement après le Congrès le Board, les présidents des Comités et les cadres supérieurs ont eu une réunion de réflexion à Novi Sad. Pour une fois, nous avons pu converser sans les inconvénients de lignes téléphoniques déficientes. Mohamed Magani nous a manqué, lui qui venait tout juste de se retirer. Nous avons accueilli à nouveau Yang Liang, qui a été réélu à Belgrade, et nous avons souhaité la bienvenue à Sylvestre Clancier élu par L’Assemblée. Npus avons réalisé beaucoup de travail en 24 heures et nous espérons répéter l’expérience à la fin du printemps ou au début de l’été prochains.

Immédiatement après la réunion de réflexion, je me suis rendu à la foire du livre de Götenborg afin d’assister à une cérémonie sans précédent – le 10e anniversaire de l’emprisonnement en Érythrée de Dawit Isaak et de ses collègues, dont plusieurs ont péri dans ce qu’il faut appeler un camp de la mort. En compagnie de deux récipiendaires du Prix Nobel – notre ancien président Mario Vargas Llosa et Herta Müller –. de Peter Englund, le secrétaire permanent de^l’Académie suédoise et d’Ola Larsmo, président du PEN suédois, nous avons lancé une nouvelle campagne pour l’Érythrée. J’ai ensuite eu une rencontre avec des éditeurs suédois qui se sont joints au Cercle du PEN international des éditeurs, puis avec des éditeurs finlandais qui, nous l,espérons, se joindront au Cercle.

Et point final! Cette lettre est bien longue, mais bien des choses s’étaient passées…

Je vous réitère mes salutations les plus amicales,

John

Octobre Lettre Mensuelle De John Ralston Saul aux membres de PEN