LE 13 JANVIER 2014

Lettre mensuelle de novembre/décembre 2013 de John Ralston Saul Président international, aux membres du PEN

Chers membres du PEN, chères amies, chers amis,

Acceptez d’abord mes voeux les plus chaleureux à l’occasion de la nouvelle année. Certains d’entre vous ont déjà franchi la date officielle ; pour d’autres, ça ne va pas tarder.

Les réalisations du PEN ont été majeures, l’an dernier. Notre travail dans le domaine de l’éducation, une tâche élargie et renouvelée grâce à l’appui de l’agence suédoise d’aide au développement (SIDA), nous a permis de consolider les principes de liberté d’expression et de l’importance de la littérature auprès de ce groupe particulièrement déterminant qu’est la jeunesse. Nos responsables des écrivains persécutés continuent de développer des instruments d’action originaux sous le leadership de la nouvelle directrice, Ann Harrison, avec de nombreux Centres très engagés. En mars, Romana Cacchioli, se joindra à nous en tant que directrice des programmes internationaux (qui comprend des centres de développement et des comités). Romana parle couramment le français, l’italien et l’anglais. Nos interventions dans le secteur numérique digital se renforcent constamment, qui s’appuient sur la Déclaration sur la liberté numérique (http://www.pen-international.org/declaration-de-pen-relative-a-la-liberte-numerique/?lang=fr). La coopération entre PEN international et divers groupes de centres PEN intéressés a permis de mettre en place plusieurs délégations d’une grande valeur. Notre congrès de Reykjavik a marqué une étape majeure pour que ces réunions deviennent plus utiles et plus dynamiques – et pour rapprocher les questions littéraires de celles de la liberté d’expression. Il est maintenant confirmé que notre prochain congrès aura lieu à Bichkek, au Kirghizistan. C’est une perspective particulièrement plaisante. Nous irons là où nous avons beaucoup à apprendre, beaucoup à partager.

Notre expertise dans le domaine juridique s’améliore en bonne partie grâce au nouveau groupe écrivains/juristes du PEN que dirigent Jarkko Tontti et Elizabeth Hiester. Le programme Libérez la Parole joue un rôle de plus en plus grand dans les festivals littéraires à travers le monde en mettant en vedette des écrivains venus de pays qui font face à des problèmes de liberté d’expression et autres.

Notre présence est de plus en plus fréquente dans les grands forums internationaux, où nous mettons de l’avant les causes du PEN, que ce soit à Genève ou à New York ou à des réunions comme celle qui, par exemple, a eu lieu en Indonésie où Sarah Clarke, notre responsable du secteur des politiques et des campagnes a pris la parole en notre nom au Internet Governance Forum. À la mi-novembre, Marian Botsford Fraser, Ann Harrison et Magda Carneci ont été au cœur d’une réunion à Tunis organisée par l’Union européenne afin de rassembler les écrivains du Maghreb.

Un bon nombre des principaux écrivains du monde ont accepté de se joindre au Cercle des Écrivains du PEN international. Nous allons lancer ce Cercle prochainement. Le Cercle des Éditeurs, quant à lui, continue de s’agrandir. Nous sommes enchantés que le grand éditeur allemand C.H.Beck se soit joint à nous. Et les conseils prodigués aux éditeurs à Rangoon ont marqué une étape importante dans la création du nouveau Centre PEN au Myanmar.

C’est d’ailleurs depuis l’Inde que je vous écris cette lettre où Haroon Siddiqui et moi participons à l’inauguration du nouveau Centre PEN de Delhi.

Sur une note plus triste, je vous informe que notre directrice exécutive, Laura McVeigh a décidé de quitter ses fonctions pour consacrer plus de temps à sa jeune famille. Elle va nous manquer et nous lui faisons nos meilleurs vœux. Elle a apporté une vaste contribution aux grands progrès qu’a connus le PEN dans les trois dernières années.

Laura va rester avec nous encore trois mois. Un directeur ou une directrice exécutif/tive intérimaire prendra alors charge pendant que nous mènerons une recherche internationale pour remplacer Laura.
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Fin novembre, je me suis rendu à Johannesburg et Pretoria et j’ai pu converser avec quelques collègues du PEN. J’ai aussi participé à une grande et fascinante réunion qui n’avait pas à voir avec PEN et qui était consacrée au renforcement du rôle de ce qu’on appelle ‘Indigenous Knowledge System’ ; c’est un programme dirigé par Catherine Hoppers à l’Université d’Afrique du Sud (UNISA). Il rassemble écrivains et intellectuels de partout en Afrique, et quelques non-Africains. Je me suis surpris à beaucoup parler du PEN et du Manifeste de Gérone car c’est un but de cet important mouvement de réaffirmer le rôle des cultures et des langues africaines.

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Tôt en décembre j’ai dirigé une délégation à Moscou, en compagnie de Hori Takeaki, d’Ola Wallin (membre du C.A. du PEN suédois) de Marianne Bargum (vice-présidente du PEN finnois) et de James Tennant, notre agent responsable de la littérature à Londres.

Comme vous le savez, il y a un nombre de plus en plus grand de problèmes de liberté d’expression en Russie. Le PEN russe s’est prononcé d’une manière forte contre ces questions (http://www.pen-international.org/newsitems/russian-pen-end-of-year-statement/) Et PEN international vient de lancer une vaste campagne afin d’obtenir le retrait de trois lois menaçantes qui représentent un véritable risque pour les écrivains : les lois dites de ‘propagande gai’ et de ‘blasphème’, qui interdisent respectivement la ‘promotion de l’homosexualité’ et les ‘insultes religieuses’, ainsi que le retour de la criminalisation de la diffamation (http://www.pen-international.org/campagne-out-in-the-cold-baillonnes-a-l’occasion-des-jeux-olympiques-d’hiver-de-sotchi/?lang=fr) Il faut que nous nous engagions tous dans cette campagne.

Un événement particulièrement stimulant de notre séjour à Moscou a été la création d’un jury russe spécial pour notre concours des Nouvelles Voix (http://www.pen-international.org/themes/prix-pen-international-nouvelles-voix/?lang=fr ) . Nous avons rencontré un grand nombre d’écrivains émergeants et nous avons participé à un événement public lors d’une Foire du livre de non-fiction auquel a aussi participé le président du PEN russe, Andrei Bitov, ainsi que Ludmila Ulitskaya, vice-présidente du PEN russe, et Irina Prokhorova, présidente de la fondation Mikhail Prokhorov. Nous avons passé un après-midi avec le PEN russe puis nous avons rencontré Masha Gessen qu’on force à quitter la Russie à cause d’une loi qui interdit que les membres de la communauté LGBT élèvent des enfants. L’état aura dorénavant le droit tout simplement de saisir ces enfants et de les enlever à leurs parents.

Nous nous sommes joints à un appel du PEN russe auprès des jeunes écrivains pour qu’ils en deviennent membres. Dans des moments difficiles et menaçants, nous avons tous besoin d’une organisation qui nous défende – une organisation tout à fait indépendante de toute autorité et qui est à la fois vraiment nationale et vraiment internationale.

Il y a une bonne nouvelle et c’est qu’un grand nombre d’écrivains émergeants se joignent maintenant au PEN russe ; et le Prix international PEN Nouvelles Voix va encourager de nombreux jeunes écrivains à réfléchir à notre cause, qui est aussi la leur. Plus important encore, PEN International, avec PEN Russie, a proclamé publiquement et avec force son appui à la liberté d’expression.

Avec mes salutations les plus amicales.

John Ralston Saul
Président international

Novembre/Décembre Lettre De John Ralston Saul, Président international, aux membres de PEN.